1. Pouvez-vous nous parler de votre expertise de staffeur et des compétences qui font votre savoir-faire unique ?
Le staff, à l’origine, vient du monde de l’architecture, où il est utilisé pour la réalisation d’ornements. Dans le cinéma, on en a développé une approche spécifique : on emploie d’autres matériaux, plus légers, et on adapte les techniques pour répondre aux besoins des décors, accessoires ou structures éphémères.
Mon métier consiste donc à concevoir et fabriquer toutes sortes d’éléments : fausses pierres, arches, accessoires de jeu en latex ou en résine, objets fragiles à casser sans danger pour les comédiens, ou encore des éléments de décor durables.
C’est un savoir-faire très complet, à la croisée de la sculpture, du moulage et du modelage. On doit savoir s’adapter à chaque projet, trouver des solutions rapides, solides et esthétiques.
J’exerce ce métier depuis plus de quarante ans, et j’ai été l’un des premiers stagiaires dans la décoration de cinéma, à une époque où cela n’existait pas encore. Avec le temps, j’ai su me faire un nom dans ce domaine, qui reste très reconnu à l’international pour sa qualité française.
2. Comment êtes-vous arrivé sur le projet du Backlot et quels ouvrages y avez-vous réalisés ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’y installer votre atelier, et en quoi cet environnement influence-t-il votre travail au quotidien ?
J’ai entendu parler du projet du Backlot assez tôt, grâce au bouche-à-oreille du métier. Comme je connaissais bien les techniques nécessaires et que j’avais déjà travaillé sur de nombreux films, j’ai proposé mes services à TSF. Après quelques échanges et rencontres, j’ai intégré le projet, qui s’est concrétisé naturellement.
Nous avons travaillé près d’un an sur la construction des décors : une soixantaine de façades représentant des rues parisiennes mais aussi d’autres ambiances urbaines. Nous avons utilisé des matériaux locaux, comme le plâtre et la chaux, pour allier solidité, durabilité et écoresponsabilité. Mon équipe de staffeurs – une vingtaine de personnes – a réalisé tous les ornements, corniches, encadrements de fenêtres et éléments décoratifs, en atelier puis sur site.
À la fin du chantier, j’ai choisi d’installer mon atelier sur place. D’abord parce que je suis originaire de la région de Meaux, à 20 minutes du site, mais aussi parce que le cadre est agréable et propice au travail artisanal. C’était également un choix stratégique : le Backlot est en plein développement, et être au plus près des productions me permet d’être réactif et de collaborer directement avec les équipes de tournage.
3. Collaborez-vous régulièrement aux projets tournés sur le Backlot ? Selon vous, quels avantages cela représente-t-il pour TSF et pour les productions d’avoir un staffeur sur place ?
Oui, je collabore régulièrement avec les productions tournées sur le Backlot. Ces derniers mois, j’ai notamment travaillé sur plusieurs films comme Quasimodo, Lupin ou Alice Guy. Sur Alice, j’ai pu intervenir directement sur les façades du décor. Mon équipe et moi avons réalisé certains éléments spécifiques, comme des pavés pour la “porte ministérielle” et d’autres accessoires intégrés aux scènes. Cette proximité nous a permis de répondre rapidement aux besoins de la production, de fabriquer ou d’adapter des éléments en direct, et de garantir que le décor reste fonctionnel et sûr pour les tournages.
Le fait d’être sur place facilite beaucoup les échanges : on se croise, on discute autour d’un café, et souvent cela débouche sur des interventions spontanées et efficaces.
Pour TSF comme pour les productions, c’est un vrai atout d’avoir un staffeur sur site. Cela représente un gain de temps et d’argent : plus besoin de faire venir une équipe extérieure, tout peut être fabriqué ou réparé rapidement ici, y compris à partir des moules conservés du décor. C’est aussi une garantie de qualité et de sérénité pour les prods : elles savent que le travail sera fait correctement et dans les temps, et qu’en cas de problème sur un décor, on peut intervenir immédiatement.
C’est donc un partenariat gagnant-gagnant : TSF peut valoriser cette présence comme un service complémentaire, et de mon côté, j’ai la chance d’avoir un atelier au cœur du Backlot, au plus près du terrain.
 
				
